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Le Blobterre de matali, Centre Pompidou, Paris
Le Centre Pompidou accueille avec l'installation de matali crasset, Le Blobterre de matali, une proposition inédite qui prend la forme d’un jardin artificiel dédié à l’exploration et à la création.
Le Blobterre est donc une fiction pensée comme une création globale, il fonctionne à la manière d’un Gesamtkunstwerk, avec ses propres sons, ses odeurs particulières, ses éléments végétaux spécifiques et ses habitants.
Pure invention de la designer, cet espace hybride submergé par une néo-végétation foisonnante est une plateforme dédiée à l’imaginaire.
Ce sera au public de faire ses propres expériences et de se risquer entre les extratoofs ou les domosquelettes...
À la fois totalement primitif et résolument artificiel, le Blobterre propose une aventure dans un temps autre. Un moment de vie blobterrien peut être une journée, une nuit ou une saison terrienne. C’est un lieu qui happe, qui emmène ou les mots vie, conscience, observation, écoute ou apprentissage sont rois.
Pour fabriquer cet espace d’expérimentation à destination du public, matali a voulu faire appel à certains de ses partenaires avec qui elle a déjà, par le passé, expérimenté, testé et partagé. Un réseau de complicité, une manière de vouloir rassembler autour d’elle ceux dont la pensée se rapproche de la sienne.
Ainsi des tapissiers Domeau & Pérès avec qui elle collabore depuis près de quinze ans, de Campeggi à Nodus qui a fabriqué au Népal un tapis noué, de Tarkett qui a fourni le sol à Blachère qui a produit les structures métalliques, de LMA Alitecno qui a produit un tissu à Procéde Chenel qui l’a transformé, de Firmenich qui a pensé une odeur, de la Haute École d’Art et de Design de Genève avec laquelle matali a animé un workskop pour penser avec les étudiants des “extratoofs”, de HI life à Viriato, de Danese à Pallucco, Confort Mousse à Sphère... le Blobterre montre que le design est aussi une aventure humaine.
Comment le Blobterre a-t-il germé ?
MATALI CRASSET – De l’idée d’une touffe végétale ! Des graines ont roulé et se sont transformées en "extratoofs" qui colonisent le bitume, comme le montre un film d’animation. Le design, ce n’est pas seulement dessiner une chaise, une table, mais prévoir des environnements, imaginer des scenarii de vie. Sur une chaise, on n’a pas juste envie de s’asseoir, on veut faire quelque chose, lire, travailler. La vie a plus de relief que ce que proposent les objets.
Voulez-vous dire que Blobterre est une fiction ?
MC – Je me suis posé la question : "Comment peut-on passer un moment dans un musée qui soit une expérience ?" On donne trop souvent aux visiteurs du prémâché ; le Blobterre propose des bribes, des évocations : la plante est là, définie, mais il reste plein de choses à inventer avec... On commence par offrir une histoire, mais on s’arrange pour qu’elle soit une plateforme, avec suffisamment de place pour chacun. La structure évolue chaque mois.
À partir d’une thématique, les visiteurs deviennent des explorateurs !
Quel lien le Blobterre entretient-il avec la nature ?
MC – En tant qu’humain, on s’affirme en créant de l’artificiel et c’est en le connectant avec la nature que l’on tente la symbiose. Mais aujourd’hui, on ne regarde pas la nature, on l’utilise : on la cueille, on la mange... Ici, au contraire, elle nous tend des perches, on peut l’observer à la manière d’un anthropologue : quels sont ses rituels, son rythme propre ? La nature n’est pas copiée, mais réinventée. Normalement, une plante se multiplie à l’identique. Sur ce Blobterre, la plante génère des fonctions différentes dans chacune de ses "extratoof". Le jardin est un espace multisensoriel à découvrir, avec des sons, des odeurs, des vêtements...
De manière plus générale, pourquoi cet accent mis sur la nature dans votre travail ?
MC – Je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui n’aime pas la nature ! Je m’interroge avant tout sur la capacité de la nature à entrer en interaction avec nous et nous avec elle.
Je m’intéresse aussi à son dynamisme, sa morphogénèse, la manière dont une plante utilise le minimum de matière pour capter la lumière, pour croître.
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Crédits
- Simon Bouisson
- matali crasset productions
- Isabelle Frantz-Marty, Forum Meyrin