« Apporter quelque chose aux gens plutôt que faire du design »
matali crasset est une femme designer française de renommée internationale, née le 28 juillet 1965.
Depuis sa formation aux Ateliers-ENSCI dans les années 1990, elle défend un design à la croisée d’une pratique artistique, anthropologique et sociale.
Elle œuvre pour un design de la création, du vivant et du quotidien : comment le design peut contribuer au vivre ensemble et nous accompagner dans le monde contemporain ? C’est à partir de ce postulat à la fois simple et engagé qu’elle pense et travaille « en mouvement ».
Depuis 30 ans, elle invente son parcours singulier, nourri des centaines de projets qu’elle a menés aussi bien en architecture qu’en scénographie, en conception d’objets, de mobilier, d’espaces publics et d’aménagement.
Ses œuvres sont exposées dans les institutions culturelles en France et à l’étranger et comptent parmi les grandes collections de design des musées., du Moma de New York au centre Pompidou…
Son design sans frontière ni territoire est l’expression d’une conviction profonde, celle du processus créatif considéré comme projet humain, social et écologique. Car la finalité des projets ne repose pas sur leur seule et unique réalisation, mais sur le processus lui-même et la capacité à produire du lien, à créer un système d’échange et de réciprocité entre les individus et avec le milieu naturel. C’est ainsi que tout projet devient œuvre commune.
« Dans ma tête comme des champs que je n’arrête pas de cultiver »
- Lire et découvrir
La première étape de tout projet reste l’analyse contextuelle et l’examen approfondi des principes de la commande afin d’en préciser les contours les attendus en matière d’apport social, d’ancrage local, de réflexion et de prospection et déterminer le curseur d’innovation du projet : innovation sociale, innovation artistique, innovation écologique…
matali travaille à la manière d’un chercheur qui se documente et opère un travail de déconstruction minutieuse. Elle aimer interroger les évidences pour mettre au jour les logiques les plus profondes des situations, révéler ainsi le potentiel créatif et audacieux de l’ordinaire.
Son approche documentaire est pluridisciplinaire et elle n’hésite jamais à se plonger à la fois dans l’histoire, dans la philosophie, dans l’anthropologie et la sociologie pour saisir le contexte et les enjeux que soulèvent le projet.
-A la rencontre des gens
matali privilégie les expériences et les aventures humaines. Elle établit à chaque fois une relation étroite avec ses commanditaires.
Pour chaque projet, elle développe une méthodologie sur-mesure et sans a-priori avec des outils adaptés à chacune des situations.
Elle considère avant tout les ressources du commanditaire ou de son écosystème. L’usage des talents locaux, le recours aux ateliers des municipalités, le participatif, l’intégration d’atelier de réinsertion ou la mise en place d’ateliers avec des établissements scolaires…, tous ces possibles s’élaborent dans les contraintes du projet, le délai et son exigence, faisant de chaque projet une aventure collective particulière et singulière.
Aux compétences du studio s’ajoute un réseau d’acteurs indépendants : artisans, artistes, informaticiens, codeurs, ethnologues, écologues, écrivains, critiques en théorie du design, éclairagistes, graphistes, photographes, réalisateurs, … qu’elle mobilise pour les besoins du projet.
-Un travail à taille humaine
Travaillant de manière artistique et artisanale, matali est directement présente sur tous les projets et à chacune de leur étape de conception et de création.
Elle maintient une conception du design à échelle humaine, loin des grandes structures qui modélisent leurs approches et appliquent le même programme à tous les projets.
La structure du studio, composée de matali accompagnée d’un designer modeleur 3D et d’un directeur de studio, constitue le socle de sa création et favorise une approche très individualisée
C’est ainsi une expérience de recherche, de création et de vie qui s’élabore à chaque fois.
« Il y a toujours de l’artistique dans ce que l’on fait » : le monde de matali
Les objets
Dans le domaine du design elle collabore aussi bien avec des acteurs du monde industriel proposant un design accessible comme Carrefour, Ikea ou Thomson multimédia qu’avec des entreprises du patrimoine vivant, EPV comme la Manufacture de Sèvres, Maison Berger, Roger Pradier, Missègle, Tissage Moutet… autour d’un outil de fabrication et de savoir-faire made in France.
Le design public des espaces
Elle milite pour des lieux vécus et en mouvement, conçus à partir de principes de modularité : des scénarios d’usage qu’elle développe en scénarios de vie.
- Espaces publics urbains
matali crasset développe des projets pour l’espace urbain, qu’elle conçoit comme espace public. Elle défend un espace public dans lequel tout un chacun peut s’y sentir accueilli et acteur de ses pratiques, en rupture avec une conception de la ville qui exclue les femmes et oublie les enfants.
Ses projets urbains comme Stries et compagnie, comme l’ ire de jeux place de la Nation mais aussi comme les kiosques de Paris témoignent de l’apport du design dans la fabrique de la ville.
- Lieux de vie et de culture
matali a toujours conçu des lieux de vie comme profondément hospitaliers. Ses architectures en sont des expressions aussi bien dans le domaine de l’hôtellerie (les hôtels Hi à Nice, à Nefta en Tunisie, à Paris), que dans celui des maisons de particuliers qu’elle conçoit toujours, en lien étroit avec leurs habitants, comme des espaces dynamiques, ouverts sur l’extérieur, modulables. Et les maisons sylvestres qu’elle a conçus au cœur du centre d’art contemporain Le vent des forêts, en pleine nature, permettent de vivre des expériences de perception par leur capacité à relier un intérieur à un extérieur.
Lieux de culture proprement dits, les espaces créées pour le Asia culture center à Gwangju en Corée du Sud, pour le Common Stove à Košice en Slovénie dans le cadre de la Biennale BIO25, pour la Librairie des Presses du Réel au Consortium à Dijon puis celle du Power Station of Art à Shanghai, constituent des installations artistiques et participatives, des lieux pérennes qui engagent de nouvelles pratiques culturelles et prennent soin des personnels et des publics.
- Le monde de l’enfance
matali est connue pour son goût des couleurs et des expériences ludiques qui lui font être souvent associée au monde de l’enfance. C’est pourtant en tant qu’elle revendique de prendre au sérieux le ludique comme catégorie de l’expérience qu’elle a acquis une véritable expertise sur les lieux pour enfants.
Elle a ainsi développé de nombreux projets qui mettent au centre le développement de l’enfant et de la relation enfants-parents. La maison des Petits, une maison verte pour le Cent Quatre à Paris en est un exemple emblématique. L’école Le Blé en herbe à Trébédan au cœur de la Bretagne est une école maternelle et primaire en milieu rural, conçue comme intergénérationnelle, ouverte sur le village, faisant des enfants des acteurs de leur environnement. L’atelier des enfants du Carré d’Art de Nîmes et du Mucem à Marseille sont aussi des références saluées.
- Les espaces interstitiels
Le design a cette capacité à inventer aussi des lieux et des usages, à proposer de qualifier des espaces auparavant sans qualité, à donner une dimension humaine et artistique à des lieux peu investis. matali intervient sur les espaces interstitiels des institutions et des villes, à l’image des projets développés au CHU d’Angers, pour Aéro végétal à Rennes.
- Les espaces de médiation
Le studio a réalisé plusieurs projets mobiles majeurs de médiation culturelle : le MUMO 2, musée mobile d’art contemporain initié par Ingrid Brochard, Saule et les Hooppies, un tour musical itinérant pour le centre Pompidou, la capsule pour le Frac Champagne Ardennes ou Hippomobile, un projet de médiation tractée par un cheval à l’initiative de la Fondation Luma à Arles.
Les scénographies
matali développe des scénographies dans des contextes variés. Aussi bien des scénographies pour des expositions à l’image de l’iconique exposition « Velvet » à la Philharmonie de Paris que celle de Superwarhol de Germano Celant au Grimaldi Forum de Monaco.
Le studio a aussi travaillé des scénographies complètes d’espaces dans le cadre de salons internationaux comme elle l’a fait régulièrement pour Première Vision, ou plus récemment pour Séries Mania, Aware ou le spectacle de Pierre Lapointe.
Les expositions et commissariats d’exposition
Le travail de matali crasset a fait l’objet de plusieurs monographiques, au mudac de Lausanne “pas de côté, 1991/2002” en 2002, au Victoria and Albert museum de Londres matali crasset: unpacking design” en 2003, au Grand Hornu en Belgique matali crasset: homemade”, au Cooper Hewitt Museum à New York matali crasset : soundscapes” 2006, springtherapy” au SM’s de Bois le Bus aux Pays Bas (musée dont elle avait conçu l’aménagement intérieur) notamment et de nombreuses cartes blanches dans des musées de l’Art institute de Chicago,
En tant que commissaire d’expositions, on peut noter “Cristal palace” au château de la Motte Tilly en 2005,“Cohabitations” à la Biennale du Design à Saint Etienne en 2006, Liberty, egality, fraternity en 2012 au Wolfswonian, Miami avec M/M Pariset Alexandra Midal, et “Reinventare un mondo commune” au pavillon Unicredit, Milan, 2016.
L’enseignement et la transmission
matali crasset conçoit son métier de designer dans la transmission. Elle a donné plus de deux cents conférences à travers le monde, elle enseigne à la Head de Genève depuis 2010 et intervient dans de nombreux colloques et jurys.
Quelques exemples : professeur à l’ENS Paris-Saclay de 2017 à 2019 pour le projet L’Atelier des communs, workshop NID à Ahmedbabad, Inde…
Où voir, où lire, où comprendre le travail de matali
Les éditions Rizzoli ont publié une monographie en 2012 retraçant son parcours (en français aux éditions Norma). Récemment les éditions des presses du Réel ont publié « TITRE », un ouvrage de dessins réalisés pendant le confinement du printemps 2020.
France Culture a réalisé plusieurs émissions dont une suite de cinq enregistrements pour A voix nue par Camille Juza en 2018 et une master classe animée par Arnaud Laporte, 2017.
Un film documentaire de 52 minutes a été réalisé en 2019 par Rémy Batteault produit par Cocottes minute et coproduit par le centre Pompidou pour France 5.
Quelques commanditaires
Alessi
Atelier Luma, Arles
Asia culture Center, Gwangju, Corée du Sud
Cent Quatre, Paris
Centre Pompidou, Paris
Consortium Museum, Dijon
CHU Angers,
Cité des Sciences et de l’industrie, Paris
Crous
ENS Paris Saclay
Fondation Martell, Cognac
Frac Champagne Ardennes, Reims
Hermès
Ikea
Maison Berger
Manufacture de Sèvres
Médiakiosk / Jean-Claude Decaux
Musée des arts décoratifs, Paris
National Museum of Singapore
Power station of art, Shanghai
Philarmonie de Paris
Ville de Dijon
Ville d’Istres
Ville de Paris / Pavillon de l’Arsenal
Ville de Rennes
Ville de Genève
Viille d’Istres
Ville de Paris